Tréfilerie
Le temps de la découverte
La fabrication de pointes et de clés de conserve est la dernière activité industrielle de la forge. Elle cesse définitivement en 1975 avec le départ à la retraite du dernier ouvrier de Savignac. L’usine est alors laissée à l’abandon. Au début des années 1980 l’association pour la sauvegarde de la forge entreprend un nettoyage du site envahi par la végétation. Comme les autres bâtiments celui de la tréfilerie, de la petite turbine et de la turbine Francis font l’objet d’un état des lieux avec inventaire et étude des installations techniques encore en place. Une première visite des ateliers de la tréfilerie est proposée au public en 1982.
L’ampleur de la tâche à réaliser pour garantir le devenir du site impose la définition d’un programme pluriannuel des travaux de gros œuvre sur les bâtiments. Malgré son état médiocre la tréfilerie n’occupe que le troisième rang des priorités arrêtées en 1989. Des désordres importants affectent pourtant sa structure notamment au niveau de la charpente qui présente des fermes cassées ou désassemblées, de la toiture couverte de tuiles plates très vétustes ou des maçonneries en partie désorganisées notamment au niveau des murs extérieurs plongeant dans la rivière.
Un préalable aux travaux
En 1993, l’ensemble des machines-outils de la tréfilerie sont déposées en prévision des travaux sur le bâtiment. Elles font l’objet d’une première intervention de maintenance avant d’être stockées en 1996 dans la scierie. En revanche les turbines comme les arbres de transmissions restent en place.
La première campagne de travaux
L’intervention lancée en octobre 1997 porte sur la réfection des éléments structurels de la tréfilerie et de la turbine Francis. Couverture, charpente et maçonnerie assurant la stabilité de l’édifice sont concernés. L’acheminement des matériaux est la première difficulté à lever pour mener à bien cette opération. Le batardeau constitué d’une digue de terre et d’enrochement à l’entrée du bief sert de point d’appui pour la passerelle métallique qui distribue l’ensemble des échafaudages. En février 1998 ce batardeau, emporté par une crue de l’Auvézère est refait en amont de la passerelle pour garantir la sécurité du chantier.
Le calendrier des travaux (octobre 1997- juin 1998) recouvre en partie la période des hautes eaux de l’Auvézère ce qui nécessite des installations particulières du côté de la rivière. Côtés est et nord, les échafaudages ne sont plus en pied comme sur les autres façades mais en appui sur des poutres métalliques (IPN) en console au-dessus-de l’eau. Ces poutres qui traversent les maçonneries sont calées à l’intérieur du bâtiment par des contrepoids.
Parmi les travaux à réaliser la réfection de la charpente en chêne occupe une place centrale. Elle nécessite un espace de travail spécifique. Pour ce faire la halle à charbon est mise à disposition des charpentiers. La réfection de la charpente proprement dite s’effectue par travée en coordination avec les couvreurs qui interviennent en amont de leur travail avec la dépose de la couverture et en aval pour la pose de la couverture définitive. La reprise en sous-œuvre des soubassements des murs est et nord est réalisée en fin de chantier pendant la période des basses eaux. L’assèchement de la rivière au bas des murs est assuré par la pose d’un batardeau provisoire installé en bordure de l’édifice.
Préalable à la deuxième campagne de travaux
La réhabilitation de la tréfilerie est précédée deux études diagnostiques.
La première, lancée en fin 2011, porte sur le canal de fuite de la turbine Francis qui passe sous l’atelier de pointerie. La résistance des sols de l’atelier comme leur capacité à supporter le poids des machines-outils dépendent de l’état des piédroits et voûtes du canal. Le diagnostic conclut sur la nécessité de conforter les maçonneries de l’ouvrage pour en garantir la pérennité.
La seconde étude, lancée au printemps 2013, porte sur les caractéristiques des sols et des fondations du bâtiment. Sondages et forages confirment l’extension de l’usine côté rivière avec un remblayage des terrains à l’aide de résidus de fonderie, notamment des crasses de haut-fourneau, recouvert d’une couche noirâtre de scories et laitiers rappelant la fonction de halle à charbon dévolue initialement au bâtiment. La nature mécanique des remblais impose néanmoins l’emploi de dalles métalliques comme soubassement pour les machines-outils.
Enfin, l’objectif de la réhabilitation de la tréfilerie étant de préserver la valeur d’ancienneté des lieux, le sol des ateliers a été protégé dans le but de pouvoir être restitué dans son dernier état d’utilisation.
La mise en valeur des bâtiments
Les travaux d’aménagement intérieur concernent la totalité de la tréfilerie et du local abritant la petite turbine. Le remontage des machines-outils de l’atelier de la pointerie et de l’atelier d’entretien faisant l’objet d’un programme ultérieur.
Pour la tréfilerie, les travaux de second œuvre consistent en une réfection des menuiseries, cloisons, plafonds et planchers. Ils intègrent également l’alimentation électrique du bâtiment, éclairage et prises, la sécurisation des circulations et quelques reprises de charpente. Le foyer de la forge maréchale est restauré et l’ancienne cabane de planches servant de sanitaire est restituée dans ses proportions d’origine au-dessus du canal de la turbine Francis.
-
Réfection des couvertures, 2014 (c) Ets J. Camblong ; CD24
-
Reprise des menuiseries, 2014 (c) Phot : L. Joudinaud ; CD24
-
Atelier de pointerie avant et en cours de travaux, 2014 (c) Compagnons réunis ; CD24
-
Atelier de pointerie après restauration, 2015 (c) Phot : L. Joudinaud ; CD24
-
Galerie après restauration, 2015 (c) Phot : L. Joudinaud ; CD24
-
Restitution des sanitaires, 2015 (c) Phot : L. Joudinaud ; CD24
-
Galerie et atelier de la forge maréchale après restauration, 2015 (c) Phot : L. Joudinaud ; CD24
-
Forge maréchale après restauration, 2015 (c) Phot : L. Joudinaud ; CD24
Les interventions sur le bâtiment de la petite turbine sont plus conséquentes. Elles portent sur la restauration de la charpente et couverture de l’édifice et sur la scénographie de la turbine. La chambre d’eau a été vidée et obstruée afin de rendre visible la totalité du moteur hydraulique et expliquer son fonctionnement. L’accès visiteur est assuré par un cheminement empruntant l’escalier existant agrandi d’un palier s’ouvrant sur la chambre d’eau pourvue d’un caillebotis métallique avec garde-corps et portillon. Depuis la turbine un accès sécurisé permet au public de se rendre sur le barrage. Restauration des menuiseries et posent d’éclairages complètent les aménagements.
La mise hors d’eau du bâtiment de la turbine a nécessité la fermeture du bief par un batardeau de roches et de terre. L’assèchement du bief a révélé l’état préoccupant de ses maçonneries. Un rejointoiement général a été réalisé pour en garantir la pérennité.