La tréfilerie
Dans son dernier état d’utilisation, le bâtiment de la tréfilerie s’impose par sa taille. Il s’étend sur une longueur de 31 mètres par 9 mètres de largeur. Sa charpente, recouverte d’une couverture en tuile plate, repose sur des murs périphériques en maçonnerie de moellons de schiste et sur des poteaux bois. Il présente une façade ouverte au sud et un mur pignon percés de baies à l’est. Planchers et cloisons découpent le volume intérieur en trois zones de travail : l’atelier de pointerie, l’atelier d’entretien et la forge maréchale.
Le terme de tréfilerie désigne une usine ou un atelier spécialisé dans la fabrication du fil de fer par étirement à l’aide d’une filière. Cette activité de production n’a jamais existé à Savignac. En revanche à la fin du 19ème lorsque les maîtres de forge se lancent dans la production de clés de conserve et de pointes de mouleurs, ils s’approvisionnent en bobine de fil de fer à la tréfilerie de la Cité à Périgueux. C’est probablement en référence à cette activité de transformation du fil tréfilé que le bâtiment fut appelé "tréfilerie".
Une ancienne halle à charbon
Ce bâtiment a été construit dans les années 1850 pour le stockage du charbon (1) de bois servant de combustible aux feux d’affinerie. Puis dans les années 1865-1875 avec le passage à la méthode anglaise d’affinage, il fut en partie aménagé pour accueillir le laminoir finisseur et le tour à fer employé pour aléser les cylindres de laminoir. Chacune de ces machines est mise en mouvement par une roue hydraulique installée dans un coursier ou "achenal". Le canal de fuite du laminoir ébaucheur comme celui du tour à fer traversent en souterrain la tréfilerie (2).
Dans les années 1885-1890 les maitres de forge développent la production de produits finis notamment des patrons, courbes, leviers, coins, fers plats ou carrés, socs de charrue. A l’emplacement du tour à fer est construit un petit bâtiment (3) abritant une turbine de 20CV. Elle servait à actionner une martellerie composée de deux marteaux à queue (4) provenant de la forge de Sireuil en Charente et d’un marteau à ressort de 60kg (5) construit par les établissements Bouhey.
Vers 1892 Les maîtres de forge commencent leurs premiers essais de fabrication de clés de conserves. En 1898 plusieurs presses sont installées dans le bâtiment. C’est probablement à cette époque qu’il est agrandi d’une travée au sud-ouest dans le but d’accueillir l’atelier de pointerie. Ce dernier est équipé de presses à pointes et de presses à clés complétées par des machines outils nécessaires à l’entretien et réparation des presses. Les dernières presses à pointes équipant l’atelier sont installées en 1950.
L'atelier de pointerie
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Partie est de l'atelier de pointerie vue depuis le nord ; 1991 (c) Phot. : P. Couillaud ; CG24
Dans son dernier état de fonctionnement, l’atelier de la pointerie comprend 3 presses à clés, 8 presses à pointes, 1 machine à affûter les couteaux des presses, 1 machine à scier le métal et un étau limeur. Pour se protéger du froid et de l’humidité, outre le modeste poêle posé au milieu de l’atelier, des feuilles de papiers épais provenant de la papeterie de Vaux à Payzac, ont été clouées sur l’enduit des cloisons en lattis de châtaignier. L’atelier a continué de fonctionner dans cette ambiance jusqu’en 1975.
En façade sud, 3 tambours à blanchir ou « frotteuses » viennent compléter l’équipement de la pointerie. Ces machines sont employées pour ébarber et polir les clés et pointes par simple brassage dans le tambour. Parfois de la scieur de bois est introduite dans le tambour pour parfaire la finition des pointes et clés.
Dans son dernier état de fonctionnement l’atelier d’entretien se compose d’un tour complet en état de marche (6). Les autres machines-outils en partie démontées sont au rebut. Il s’agit d’une boucleuse (7), et d’une troueuse (8) utilisées en 1892 pour la fabrication des clés. Parmi les accessoires figurent les barriques (9) servant à conditionner les clés pour leur transport et vente.
La forge maréchale est un des équipements de base présent sur le site au moins à partir de 1812. De 1863 à 1880 elle se situait dans l’affinerie. Son implantation dans la tréfilerie date probablement des années 1880-1885. La forge (10) installée contre le mur sud possède un soufflet à bras à double effet (11). Sur le côté de l’atelier parmi un amas de pièces au rebut figure une poinçonneuse à clé de 1880 (12).
Les arbres de transmission
Les machines équipant le bâtiment sont entraînées par des poulies et courroies reliées à des arbres de transmission secondaires installés au niveau des planchers. Ils sont eux-mêmes raccordés à des arbres de transmission principaux mis en mouvement par la turbine de 20CV. Une échelle et un cheminement en planche permet depuis les combles d’accéder aux graisseurs équipant les paliers de chacun des arbres. En partie basse des manettes reliées par câble à un jeu de poulies, embrayent ou débrayent les arbres de transmission en fonction des besoins des ateliers.