Prise devant la cantine en 1905, la photographie ci-dessous illustre la diversité des ouvriers spécialisés travaillant à Savignac-Lédrier, sous la houlette du maître de forge d'alors : Louis Combescot. Ces ouvriers, qui occupent tous un poste particulier, posent avec les outils qu'ils utilisent au quotidien.

(1) (16) (17) - Les ouvriers d'entretien : Ils graissent, réparent, entretiennent, surveillent la bonne marche de la machinerie et notamment des machines hydrauliques : arbres, cames, tournillons, embouts des arbres, cales... et de tout l'outillage de la forge. Polyvalents par définition, ces ouvriers donnent à l'occasion un coup de main pour le travail de la forge et du haut fourneau.

(2) - L'arqueur : Il prépare le sol de la halle de coulée. Il marque dans le sable de fonderie des rigoles qui donneront leur forme aux gueusets, et en surveille le bon remplissage lors de la coulée.

(3) - Le chargeur : Il approvisionne le haut fourneau en minerai, charbon de bois et castine par couches successives, ou "lits de fusion". Le chargement se faisait à l'aide de petites bannes en lettre de châtaignier pour le charbon de bois, et de "respes" en bois pour le minerai et la castine. La capacité de ces récipients était exactement calculée, et leur faibles dimensions permettaient d'apporter une grande rigueur dans la proportion des composants. Ce dosage était d'une importance capitale pour la qualité de la fonte que l'on voulait obtenir, il variait selon la qualité des matières premières employées.

(4) (12) (18) (19) - Les forgerons : A l'origine, l'ouvrier forgeron procédait à l'affinage de la fonte dans les feux d'affinerie. Dans le cas présent, la fonte est décarburée dans les fours à puddler, et le travail des forgerons consiste à marteler et travailler le fer dans les fours à "réchauffer" ou à "souder" afin d'obtenir les fers marchands, ou lespièces semi-finies. Les forgerons travaillaient également aux martinets et au marteau pour obtenir les objets finis. La tenaille à coquille est caractéristique de ce travail (19).

(6) (7) (8) - Le groupe des puddleurs : Ils sont caractérisés par les grandes chemises blanches, seul vêtement supportable dans la chaleur des fours. Ils tiennent en main la tringle, ou ringard, qui leur sert à brasser le métal en fusion jusqu'à obtenir la consistance et la densité voulues. Les pinces servent alors à retirer du four la loupe de métal et à l'envoyer par des systèmes de glissières vers l'affinerie où le métal  est travaillé par les forgerons.

(9) - Le mouleur : Il tient la poche de fondeur qui sert à recueillir la fonte en fusion. Le métal liquide est ainsi transporté et versé dans les moules pour obtenir les pièces de fontes moulée.

(10) - Le régisseur : Il remplissait trois fonctions étroitement solidaires. Surveillance : il contrôlait l'état de la propriété boisée du maître de forges (rotation des taillis, maturité des coupes, achat de parcelles, propreté des sous bois). / Représentation : il traitait les marchés de coupes destinées à l'approvisionnement de la forge auprès des autres régisseurs, des négociants en bois, des propriétaires. / Médiation : Il était chargé de recruter bûcherons, charbonniers et rouliers, de les payer, en espèces ou en nature. Ces métiers de la forêt étaient sous sa dépendances directe. Par là, il opérait la jonction entre l'espace de la forge où travaillaient des personnels "externe", certains, comme les charbonniers, des spécialistes, d'autres, comme les bûcherons ou les rouliers, de simples journaliers.

(11) - Le maître de forge : en savoir plus

(13) - Le bocqueur : Il tire le laitier hors du creuset au fur et à mesure qu'il se forme et bouillonne au-dessus du bain de fonte. Il se sert d'un crochet. Il porte ensuite ce laitier au bocard où il est concassé et transformé en sable recyclé en "bricots".

(14) - Le gardeur : Il surveille le bon déroulement de la fusion et le remplissage du creuset, donne le signal de la coulée. Il tient le ringard qui sert à percer la plaque de fermeture du creuset. Il est aussi fondeur et mouleur de poterie domestique

(15) Le charpentier : Au début de ce siècle, le paradoxe des petites usines métallurgiques, c'est que le bois y était toujours le matériau le plus employé : la machinerie mêle la fonte, le fer, le bois ; la charpente des bâtiments a des lacunes que le fer renforce par endroits. Dans ce monde où tout est équarri approximativement, le charpentier demeure à l'année le seul ouvrier permanent de la forge, alors que le forgeron reste un ouvrier saisonnier. Outre l'entretien de l'appareillage en bois, il fabrique les modèles pour le moulage, les respes pour le chargement du minerai, les bannes pour transporter le charbon de bois. Il s'occupe des gabares pour le transport des pièces de fonte ou des canons (Le bugue).

(17) - Le chauffeur : Aide des forgerons, il est chargé d'alimenter les fours en combustible.

(A) - Le groupe d'enfants : Ils ont un rôle d'aide : garçons de fours, petits valets, ils aident parfois leur propre père. On les charge également des transports dans la forge (faire rouler les chariots) et du système de vannes qui règlent le débit de l'eau et la vitesse des roues hydrauliques.